3 Mai 2016
J’ai désormais un homo au village de Gouh. Déjà que mon métier ici consistait à pêcher des hétéros, ce séjour guinéen ne semble jamais tarir de surprises lexicales. Si on revient un petit peu en arrière, dans le premier village que j’ai visité (Gouh, donc), on m’avait offert métaphoriquement un futur enfant à naître en le pré-baptisant Anne. Décidément, j’avais décroché le gros lot, avec ce village. La chance du débutant, je suppose. Eh bien, l’enfant est né, alléluia, et la mère est bien portante. Mais, kataztrofeu ! l’enfant est un garçon ! On ne peut décemment l’appeler Anne. La coutume veut donc que je lui donne le prénom de mon père. Ca tombe bien, mon père porte un prénom bien chrétien, et l’ethnie guerzé est chrétienne (dans un pays à 90% musulman). Si mon père s’était appelé Mohammed, on aurait ri. Espérons déjà que l’enfant vive jusqu’à son baptême, histoire que je puisse avoir le plaisir de choisir les 15 pagnes à offrir à toute la famille (il va falloir que je pense à ouvrir un compte en banque…encore une source d’angoisse car il va me falloir monnayer un faux certificat de résidence). Espérons ensuite qu’il ne fasse pas partie des 50% d’enfants à ne pas atteindre l’âge de 5 ans. La suite au prochain épisode.
PS : un hétéro = une espèce de gros poisson (Heterotis niloticus)
Un homo = un homonyme