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Tribulations d'un chon

L'expérience guinéenne

Mettons-nous à l'aise

L'antre du diable
L'antre du diable

Abordons désormais les sujets sérieux de l'interculturalité, à commencer par celui des lieux d’aisance. Cette expression prend d’ailleurs tout son sens en Guinée, puisque la phrase consacrée pour demander à son hôte où se trouve le pipi-room est : « où puis-je me mettre à l’aise ? ». Evidemment, vous vous doutez bien que si j’en parle, c’est que ce lieu me met malheureusement assez peu à l’aise.

J’ai parlé dans un post précédent de ma visite à l’AFD. Ce que j’en retiens, c’est surtout l’immense soulagement d’avoir pu y trouver un aménagement hygiénique digne de ce nom, avec de l’eau courante, et, comble du luxe et de la bizarrerie occidentale, du pq. Quand je repense aux wc de l’AFD, c’est encore aujourd’hui avec beaucoup de nostalgie. Mériteraient-ils un déplacement spécial à Conakry ? C’est une hypothèse que j’étudie activement. En Guinée, comme dans de nombreux autres pays, le toubabou de base est confronté au problème incongru mais bel et bien existentiel de l’absence de pq. On ne s’essuie pas le popotin, soit. Après tout, on patauge bien dans les ordures, donc il y a une certaine logique. Mais ce qui me laisse le plus perplexe ici, c’est l’usage des bassines d’eau. En Mongolie, il n’y avait pas de pq, ok, mais il n’y avait pas d’eau non plus. C’était donc assez clair, il n’y avait pas débat : on ne serrait la main de personne et basta. Mais ici, non seulement on serre la main de tout le monde, mais on trouve dans les wc un arsenal très complet de bassines de différentes tailles remplies d’eau croupie. Elles servent non seulement de chasse d’eau mais aussi, et c’est là que ma capacité d’abstraction atteint ses limites, de douche du séant.

Visualisons ensemble le problème d’ingénierie qui se pose : on peut se verser le contenu d’une petite bassine sur le derrière, ok, mais alors, l’eau dégouline littéralement partout, sur le pantalon, les pieds, les murs. J’ai demandé à l’un de mes colocs comment il faisait, concrètement, mais sa réponse n’a pas répondu à mes interrogations. Il a suggéré deux méthodes: se doucher juste après, ce qui est valable si l’on est à la maison, ou bien se déshabiller complètement du bas pour éviter de s’en foutre plein le falsard. Ensuite, trouver du savon pour se laver les mains (ce qui est loin d’être évident). Et bien entendu, n’utiliser que la main gauche (ce qui implique d’arriver ensuite à se rhabiller et se rechausser d’une seule main….Tricky). L’idée de me foutre à poil dans des latrines sans portes, simplement cachées du regard par des pousses de bambou à travers lesquelles tous les enfants du village m’espionnent, mes fringues dans une main et une bassine tremblotante dans l’autre, tout en essayant de garder un équilibre précaire pour ne pas tomber dans le trou et de guetter tout présence suspecte d'un serpent venimeux en train de prendre le frais me semble être une solution ni durable ni satisfaisante.

Bref, je me sens comme un chaton mal sevré à qui sa maman n’a pas tout appris, et qui se trouve tout déconfit devant un bac rempli de gravier qui fait mal aux coussinets. Heureusement, un petit magasin libanais de N’Zerekore vend à l’unité des rouleaux de <3 pq <3, une fortune évidemment puisqu’il n’y a que quelques rares expatriés qui achètent ça. Ceci dit, j’aimerais vraiment comprendre la technique locale. N’ayant pas trouvé de tutoriel youtube, j’envisage de mettre une webcam dans les latrines du bureau.

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=^.^=
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